Galerie 2
Les émotifs augmentés en série
Je pense à une émotion primitive que l’on n’écoute plus… Une émotion enfouie mais à la base de notre humanité, qui initie le premier mouvement et qui fait de nous des êtres, ni plus ni moins.
La notion d’humain augmenté n’est plus un thème de science-fiction. Les proportions idéales du corps et du visage sont reproduites à la chaîne par la chirurgie esthétique.
Quelle est la place de l’être et de l’émotion dans ce monde de la réification généralisée ?
J’approfondis mon travail sur la texture acrylique pour aborder la question de l’émotion des êtres dans ce contexte social.
Chaque sujet a une expression différente : impassible, souriante, grimaçante, songeuse, mais tous ont été réalisés en suivant un même processus.
Les visages sont composés de deux couches superposées : l’une jaune, l’autre violette.
Le fond, plus sombre est un violet tirant sur le noir. Certains sujets se détachent du fond. D’autres s’y perdent comme dans un brouillard.
La couche jaune englobe les yeux, la bouche, le nez et les oreilles. La luminosité de cette couleur exprime l’activité décuplée de ces capteurs sensoriels. À cet égard, ils peuvent être perçus comme augmentés (certains visages ont un nez et des oreilles aux proportions hors normes).
L’enveloppe générale du visage (le front, les joues, les pommettes, le contour du menton) est comprise dans la couche violette. Cette couleur, complémentaire au jaune, donne un aspect artificiel et stylisé au visage qui pourrait appartenir à des figurines en polyéthylène.
Le même procédé est repris pour chaque visage : visage jaune/violet, fond violet. Ce systématisme est manifeste lorsque les tableaux sont réunis : on voit des portraits fabriqués en série, comme des produits manufacturés.
Toutefois, l’émotion continue d’être au centre de chaque sujet.
Les visages, composés de couches de couleurs complémentaires, ont l’apparence de masques dont les propriétés auraient été inversées :
En effet, un masque est sensé cacher voire protéger ce qu’il enveloppe.
Au contraire, ici, ce qui enveloppe a une texture organique qui donne au visage un aspect écorché. Il s’agit de l’émotion du sujet. L’enveloppe divulgue l’émotivité des sujets.
D’où cette ambiguïté : ils sont à la fois recouverts et mis à nu.
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